UNIVERSITE ABDELMALEK ESSAADI FACULTE
DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Département de Géographie Martil /Tétouan Master spécialisé « IDTGOS » Espace publique
et citoyenneté Année
universitaire 2018-2019
Introduction
1. Choix du thème
On
trouve la rue fascinante. La rue réunit autant qu’elle sépare; certains
prennent la rue de droite et d’autres celle de gauche pour finalement se
retrouver sur une place, dans un parc, sur un marché, devant un magasin ou la
gare. « Everybody go
different way to see the same thing » disait un chauffeur de taxi new‐yorkais.
(«Chacun emprunte un chemin différent pour
voir la même chose »)
On
aime observer le spectacle de la rue. Il s’y passe toujours quelque chose, tout
est en mouvement, en évolution en changement. La rue, ou plutôt l’espace
public, est le lieu où se mélangent les gens ; les vieux comme les jeunes, les
touristes, les étrangers et les autochtones, les familles et les amoureux, les
promeneurs solitaires et les joggeurs ou cyclistes. Chacun trouve dans l’espace
public une raison pour s’y rendre, chacun se l’approprie à sa manière et le
fréquente selon ses besoins, ses envies et ses disponibilités. Cette population
apparemment si différente, doit apprendre à vivre ensemble dans l’espace
public. Cela se fait en partie naturellement lors des interactions entre les
usagers. Pour pouvoir partager un espace avec autant d’individus, chacun se
doit de respecter l’espace, les règles, les structures mises à disposition et
surtout les autres. C’est là qu’intervient la notion de citoyenneté. Qu’est‐ce
que ça signifie d’être citoyen ? En quoi cela engage‐t‐il
face aux autres ? Pourquoi la citoyenneté intervient‐elle
dans l’espace public ? Qui est citoyen ? Faut‐il
être engagé en politique pour être considéré comme citoyen ?
Et
l’animation socioculturelle1 dans tout ça ? Elle a pour but d’amener ses
clients vers des actions citoyennes en toute situation. Mais quel genre
d’actions ? Quel est le rapport de l’animation à l’espace public ? Quel est son
rôle dans cet espace ? Comment l’animateur socioculturel s’inscrit‐il
dans l’espace public ?
1.2
Buts
Les
buts de cette recherche étaient de :
•
Aller à la rencontre de professionnels de différents milieux exerçant dans un
domaine en lien avec l’espace public et la citoyenneté.
•
Mettre en avant l’existence de la citoyenneté dans l’espace public.
•
Explorer les possibilités pour l’animation socioculturelle de favoriser la
citoyenneté et de s’inscrire dans l’espace public.
1.3
Objectifs
Les
objectifs de cette recherche étaient de :
Montrer les relations entre la population et l’espace public.
Identifier les multiples fonctions de l’espace public.
Repérer les types de fréquentation et d’usage de l’espace public.
Repérer les conflits d’usage émergents dans l’espace public.
Définir les critères de qualité de l’espace public.
Identifier les compétences professionnelles de l’animateur socioculturel.
Identifier le rôle de l’animateur socioculturel dans l’espace public.
Démontrer l’existence et l’utilité de la citoyenneté dans l’espace public.
Etablir les différents aspects de la citoyenneté.
Identifier et analyser le lien entre animation socioculturelle, citoyenneté et
espace public.
2
Démarche
2.1.
Plus‐value de la recherche
On
connaît tous le stéréotype de l’animateur de colonies de vacances qui fait des
rondes en chantant ou celui de l’animateur du centre de loisirs, cantonné entre
ses quatre murs qui bricole avec les enfants ou joue au baby‐foot
avec les jeunes. C’est le constat que j’ai pu faire en parlant de ma formation
autour de moi. Pour beaucoup de personnes, le métier de l’animateur
socioculturel est restreint à cette réalité. Même si l’animateur de colonies de
vacances et celui du centre de loisirs existent bel et bien, la vision
extérieur de leur activité en est souvent réduite et minimisée. Malgré
l’évolution de ces dernières années dans notre métier, il manque encore de
reconnaissance auprès du public.
2.2 Hypothèses de départ
2.2.1
Hypothèses concernant l’espace public
H1
: L’espace public est destiné à une population hétérogène.
H2
: L’espace public est un espace de qualité.
H3
: L’espace public remplit une multitude de fonctions.
H4
: L’espace public est régit par des règles explicites et implicites.
H5
: Des conflits d’usage ont lieu dans l’espace public.
2.2.2
Hypothèses concernant la citoyenneté
H6
: La citoyenneté existe dans l’espace public.
H7
: La citoyenneté est essentielle au bon fonctionnement de l’espace public.
H8
: La citoyenneté n’est pas uniquement rattachée à son aspect politique.
I-
UN PEU D’HISTOIRE…
1. L’espace public
Il
faut remonter jusqu’à la Grèce antique pour comprendre comment est apparu ce
que l’on appelle aujourd’hui l’espace public, représenté à l’époque par
l’Agora. C’est à Athènes que naît la première Agora, on peut comprendre par là
un espace où les habitants d’une cité se retrouvent pour effectuer des
transactions marchandes de toutes sortes mais aussi pour discuter des sujets de
la cité, écouter les débats et les philosophes. « L’agora devient l’espace de
débat entre les différentes tribus rassemblées. Espace de formalisation de
l’opinion publique et du gouvernement républicain, l’agora est à la fois un
espace physiquement inscrit dans le sol et un espace immatériel où circulent
les idées. »4 C’est un lieu de rencontre et d’échanges mais aussi un lieu
d’exclusion car seuls les hommes libres y ont accès. « L’agora se prolonge.
Elle se diffuse. Les places et les rues deviennent, sur un mode plus diffus, des
espaces de débat et de loisirs collectifs. »
«
L’espace public représente dans les sociétés humaines, en particulier urbaines,
l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui est à l’usage de
tous, soit qui n’appartient à personne (en droit par ex.), soit qui relève du
domaine public ou, exceptionnellement, du domaine privé. » En effet, « dans son
aspect physique, l’espace public est, avant toute chose, l’endroit (place, rue,
commerce, plage ou tout type d’espace) où il n’y a pas d’obstacle, où quiconque
à la possibilité d’accéder et de participer. » Cependant, selon Jocelyne
Lamoureux, il faut faire attention à ne pas englober dans le terme d’espace
public tout ce qui n’est pas privé : « cette dichotomie n’est pas adaptée, soit
à cause de l’ambiguïté de leurs frontières, soit en raison de la possibilité
d’autres statuts de l’espace (commun, collectif, etc.) »
Pour
que l’espace public fonctionne en tant que tel, la condition est la présence
d’individus. Ces individus sont les acteurs de l’espace public, ils ont tous «
une position sociale et sont partiellement déterminés par elle. Elle leur
fournit des ressources, elle façonne leurs intérêts, elle leur donne accès à
des valeurs, elle les met en relation avec d’autres acteurs, etc. (…) Ajoutons qu’un
acteur se caractérise par une identité qu’il élabore selon ses relations
sociales avec d’autres acteurs. Cette image de soi ‐
cette identité ‐
donne sens à l’acteur. » Les individus qui forment la société se forgent une
identité propre mais la ville dans laquelle ils évoluent a elle aussi sa propre
identité qui contraste parfois grandement avec l’identité d’autres villes.
C’est une sorte de cercle vicieux car « chaque habitant use de cette image de
marque pour se construire sa propre identité. » et la ville elle aussi
s’inspire de l’identité de ses habitants pour créer son image de marque, c’est
donc un lien réciproque qui les unit. Par exemple Barcelone est une ville qui
projette une image jeune, artistique, dynamique, à la réputation festive et on
peut le constater en visitant la ville et en s’imprégnant de l’ambiance qu’elle
dégage au travers de ses habitants.
Dans
la Grèce antique, l’espace public était un lieu où l’on discutait des problèmes
politiques et où se formait le débat public autour des questions sociales
d’actualité. Chacun était libre de prendre part à ces discussions et de
présenter son point de vue sur la question à résoudre, ainsi se créaient les
confrontations d’opinions et les débats. Lamoureux pose l’hypothèse qu’avec le
temps, le public se serait transformé en public passif, c’est‐à‐dire
en spectateur de la discussion sociale. Aujourd’hui, en dehors de certaines
manifestations politiques, culturelles ou sociales qui se tiennent dans la rue,
on ne peut plus vraiment considérer que l’espace public est un lieu de débat
politique.
L’espace
public est règlementé par la loi ainsi que par des règles rattachées à un lieu
précis. Les lois sont écrites et officielles donc intransigeantes, tandis que
les règles peuvent être explicites : écrites sur un panneau à l’entrée du parc
par exemple ; ou implicites : des règles de savoir‐vivre
que chacun est censé avoir intégré dans son enfance (par ex. jeter ses déchets
dans la poubelle, de ne pas casser le matériel ou les infrastructures
existantes). La vie en société nous a appris à nous comporter en présence
d’autres individus, « (…) sur un espace donné, je sais, d’un savoir incorporé
et non d’un savoir conscientisé ou verbalisé, ce que je dois faire, quels types
d’empiètement je peux faire sur l’autre de manière à ne pas détruire
l’équilibre écologique de cet écosystème, de cet espace que je suis obligé de
partager avec d’autres. »
L’espace
public est composé de plusieurs dimensions d’ordre fonctionnel, social,
d’usage, d’accessibilité, règlementaire.
La
dimension fonctionnelle comprend toutes les raisons pour lesquelles les usagers
fréquentent l’espace public. Par exemple : le divertissement, la tranquillité,
la rencontre, le jeu, le sport, le repos, le partage, la discussion, la beauté
des paysage, etc.
La
dimension sociale prend en compte le fait que les habitants se rencontrent dans
l’espace public, une population hétérogène se côtoie et se confronte, elle
utilise cet espace comme un bien commun.
La
dimension d’accessibilité stipule que l’espace public est accessible à chacun à
tout moment sans obstacle quelconque de l’ordre d’un péage, d’un horaire, d’un
âge ou d’une interdiction.
La
dimension règlementaire comprend les lois qui gèrent les espaces publics ainsi
que les règles explicites (indiquées sur un panneau par exemple) ou implicites
(faisant partie des mœurs) qui doivent être respectées pour une utilisation
harmonieuse de cet espace.
2. La citoyenneté
La
Grèce antique est aussi le berceau de la citoyenneté. Le mot citoyenneté vient
du terme grec politeia dérivé de polites (citoyen) qui découle
lui‐même
du terme polis qui signifie cité. « Homère déjà, au IXe siècle, évoquait
la polis, en son sens archaïque de ville voire de citadelle, et les « politai
», ses habitants. L’étymologie enseigne que les mots « polis » et « polites »
se constituèrent quand (…) le groupe social prit le pas sur la famille en tant
que communauté de référence. » Les individus étaient d’abord associés et
dénommés en fonction du groupement familial duquel ils étaient issus.
L’évolution
de la société athénienne changea en ce que cette dénomination se fit dorénavant
par rapport au groupe social auquel appartenait l’individu en tant que membre
d’un habitat commun : la cité. En d’autres termes, l’individu X était d’abord
reconnu comme membre du groupe familial X car il porte son nom ; dorénavant
l’individu X est reconnu comme membre de la cité C (groupe social) car il en
est citoyen avant d’appartenir à la famille X.
A
Athènes, n’est pas citoyen qui veut. Pour le devenir, il faut faire partie des
hautes castes de la société ou être reconnu comme philosophe ou homme
politique. De plus, il faut être né d’un père citoyen et d’une mère fille de
citoyen. Les femmes, éternellement considérées comme mineures, et les esclaves,
propriété de leur maître, sont exclus du droit de cité, de même que les
étrangers. Celui qui est reconnu comme citoyen reçoit alors le droit de cité.
Il peut dès lors exercer son droit politique, donc voter et être élu. Son
statut de citoyen lui garantit aussi une protection judiciaire en cas de litige
mais l’oblige à faire la guerre et à payer des impôts. Dans de rares cas, il
peut arriver qu’un métèque (un étranger à la cité) puisse obtenir le statut de
citoyen en guise de reconnaissance d’une action ayant servi la cité. Dans ce
cas, c’est l’assemblée des citoyens, constituée d’au moins 6000 citoyens, qui
décide d’octroyer ou non (par votation) le droit de cité à cette personne.
L’assemblée
des citoyens, appelée Ecclésia vote les lois qui seront présentée à la
population sur l’agora.
Il
faut faire un saut en avant dans l’histoire pour trouver le mot « citoyenneté »
dans la langue française. « En français, le mot n’apparut qu’en 1783, et il ne
fut chargé de « connotations patriotiques » que pendant les quelques années qui
suivirent la révolution de 1789. Le mot citoyen désigna longtemps l’habitant
d’une cité, sans charrier de sens politique, et ne devint synonyme de membre
d’un Etat qu’au début du XVIIe siècle. »
Dès
1789, le citoyen est reconnu comme tel et a des droits qui sont définis dans la
«Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen », le droit de vote et
d’éligibilité fait partie de cette déclaration.
Les
droits du citoyen découlent des droits de l’Homme car il faut d’abord respecter
l’Homme en tant qu’individu avant de prendre en compte sa citoyenneté. De même,
les droits de l’Homme priment sur ceux du citoyen car ils sont universels alors
que ces derniers sont nationaux, c’est‐à‐dire
qu’ils sont nés de la participation de l’individu à une organisation politique
particulière. Dès lors, est citoyen tout homme qui appartient à une nation. Le
statut de citoyen n’est plus héréditaire ou gagné
en
remerciements d’actes honorifiques comme c’était le cas en Grèce antique, mais
il est naturellement acquis par tout individu masculin (les femmes n’étant
toujours pas considérées comme majeures mais sous tutelle de leur père ou mari)
naissant dans le pays. Dorénavant, la citoyenneté tend plus à marquer
l’appartenance à une nation qu’à une cité.
Ce
sont les institutions qui forment les citoyens et organisent le débat entre
eux. L’école est l’institution citoyenne par excellence : « L’abstraction de la
société scolaire doit former l’enfant à comprendre et à maîtriser l’abstraction
de la société politique. »
En
1880 en France, « Il importait d’arracher l’individu à ses particularités pour
en faire un citoyen abstrait destiné à incarner et à définir l’intérêt général.
» Le but étant de trouver l’intérêt commun de tous les individus pour en faire
un intérêt général. Cependant, la difficulté que représente le fait «
d’arracher l’individu à ses particularités » est indéniable puisque ce sont
justement celles‐ci
qui forment son identité et donc celle(s) de la population. Dans le même ordre
d’idée, « La citoyenneté constitue la source du lien social. C’est en exerçant
les droits et les pratiques de la citoyenneté que les individus forment une
société. Mais la conciliation entre les droits de l’individu‐citoyen
et les exigences du collectif n’est pas moins problématique dans la vie sociale
que dans la vie politique. »
Il
est important de noter que dès les années 1960, les législations européennes
garantissent que les droits civils, économiques et sociaux soient les mêmes
pour les citoyens nationaux que pour les étrangers. C’est‐à‐dire
que même si un étranger n’a pas le droit de vote et d’éligibilité dans son pays
d’accueil, il a le droit de placer ses enfants à l’école publique, de
fréquenter les espaces publics tels que la rue, les marchés, les parcs, etc. Il
a le droit de travailler, de gagner sa vie et de contribuer au bon
fonctionnement de l’économie locale. Etc.
Au
milieu du siècle passé, une montée de l’individualisme collectif a mis en
difficulté les institutions dans leur rôle d’instructeur à la citoyenneté. En
effet, au travers de mouvements de révolte tels que ceux de mai 1968,
l’individu se prend le droit de ne pas accepter l’autorité des institutions
religieuses, politiques ou morales sans en juger la pertinence. Il se sent apte
à juger lui‐même
l’autorité qu’on lui impose, selon ses convictions personnelles. « L’individu
justifie désormais ses comportements par son besoin d’épanouissement personnel
et par son jugement autonome. »
Avec
la montée de cet individualisme, les normes sociales et citoyennes établies par
les institutions perdent leur sens et leurs fonctions. L’émergence de la
volonté de la population de décider elle-même de ce qui est bon pour elle n’a
pas dissolu le lien social, au contraire il s’est transformé selon les normes
et les besoins émergents. « Le lien social est devenu moins le produit du
contrôle autoritaire et de la conformité aux normes établies par les
institutions nationales que de l’invention commune par les individus de
nouvelles normes collectives. »
Une
partie du travail de l’animateur socioculturel est d’amener l’individu à
devenir citoyen et surtout d’intégrer le fait que « Le citoyen doit toujours
être un citoyen critique. »
«
L’histoire montre que la citoyenneté a été obtenue par des luttes sociales.
Elle n’est pas donnée, elle n’est jamais acquise une fois pour toutes. (…)
C’est une construction des hommes et elle ne peut que durer par leur volonté de
renouveler le projet politique par lequel ils forment une société dont les
exigences leur apparaissent légitimes. » Il est important de garder cette idée
en tête car la société change, évolue constamment et avec elle ses normes et
ses pratiques. La population s’adapte perpétuellement à ces changements ; il
est du devoir de l’animateur socioculturel de prendre en compte cette évolution
et d’adapter lui aussi ses pratiques et ses buts afin qu’ils correspondent aux
besoins et aux normes évolutives de la société.
1.2.Les
différents aspects de la citoyenneté
Lorsque
l’on pense citoyenneté, la première image est généralement celle de la
politique, du droit de vote, de la démocratie. La citoyenneté politique relie
chaque individu à sa nation. On parle des citoyens suisses, français, etc.
Le
concept de citoyenneté a évolué pour se généraliser ou se préciser. Selon
Fabienne DESPOT, conseillère communale UDC, la citoyenneté offre des droits et
des devoirs. Notamment celui de participer à la vie politique. La démocratie,
système politique dans lequel nous vivons, donne la parole aux citoyens.
Cependant, la démocratie n’a de sens que si on l’utilise. Car en effet, « La
liberté du citoyen est donc un bien, mais c’est un bien public qui ne peut être
préservé qu’en commun.
Aussi,
le renoncement à la citoyenneté ne peut‐il
être combattu, de l’intérieur, que par le goût de l’exercice public de la
liberté. »
On
parle de citoyenneté au sens culturel, social ou politique. Par exemple, la
citoyenneté culturelle signifie l’appartenance à une culture donnée. Le partage
de ses valeurs et de ses buts. En effet, « La citoyenneté se fonde sur
l’appartenance reconnue à un groupe social et elle renvoie à l’identité. Si
l’identité est valorisée, la participation active des individus à la vie du
groupe découle de la citoyenneté. » La citoyenneté se joue à plusieurs niveaux
et dans des domaines différents. Une personne peut parler de citoyenneté
culturelle car elle vit selon les principes de son origine culturelle étrangère
au pays où elle réside (religion, nourriture, croyances, langue) et de
citoyenneté sociale ou politique car elle s’investit dans la vie locale. Une
même personne peut donc assumer plusieurs aspects de la citoyenneté sans pour
autant en dénigrer l’un ou l’autre.
Pour
Fabienne Despot, la citoyenneté a deux dimensions. La légitimité d’une part et
l’implication d’autre part. C’est‐à‐dire
que l’on peut être citoyen légitime de par l’origine (lieu de naissance,
naturalisation ou citoyenneté nationale) ou citoyen par implication dans la vie
locale, par intérêt pour la politique locale, etc. Ce qui constitue à ses yeux,
une démarche importante.
L’aspect
de la citoyenneté qui fonde cette recherche est celui de la capacité des
individus d’une société à vivre ensemble. D’après la conseillère communale UDC,
il existe deux visions de la citoyenneté. La vision restreinte est constituée
par le droit de vote, d’éligibilité afin d’avoir une influence sur les
décisions politiques. La vision plus large prend en compte une conscience du
bien commun par les citoyens, ce qui est bénéfique pour la communauté car tout
le monde œuvre dans un sens commun. Elle précise que la notion de
responsabilité citoyenne dans le sens de « j’ai un rôle à jouer » est
importante.
C’est
un mélange des différents aspects de la citoyenneté, à la fois sociale et
culturelle et pas seulement politique. « Il n’y a pas de citoyenneté sans
finalités, sans valeurs (…) La citoyenneté ne saurait donc se décrire seulement
comme un ensemble de droits et d’obligations. » Tout au long de ces pages, la
condition citoyenne est sans cesse revisitée au travers de ses différentes
interactions avec le contexte dans lequel elle s’inscrit, on découvre alors ses
multiples facettes. Notamment les aspects de sociabilité et de civilité qui la
constituent. Ce sont ces deux aspects qui sont les indicateurs de présence de
citoyenneté dans l’espace public car ils sont visibles dans les comportements
des gens.
En
résumé, la citoyenneté se décline en trois dimensions :
La dimension politique comprend les droits et les devoirs de chaque citoyen,
les lois auxquelles il est soumis, son droit de vote et d’éligibilité, etc.
La dimension culturelle constitue le respect qui doit exister entre les
différentes cultures qui se côtoient, respect de la différence. Etre citoyen en
Suisse n’a certainement pas la même signification que d’être citoyen au Vietnam
par exemple, car les us et coutumes et les valeurs collectives ne sont pas les
mêmes.
La dimension sociale prend en compte le comportement que chacun est censé
adopter en présence de l’autre, du choix de chaque individu de savoir ce qui
est bon pour lui, de se créer une identité pour se distinguer des autres, etc.
L’hypothèse
que « La citoyenneté n’est pas uniquement rattachée à son aspect politique »
est confirmée. D’une part, la sociabilité et la civilité forment la
citoyenneté et d’autre part, comme l’explique Fabienne Despot, la légitimité et
l’implication supposent une citoyenneté à deux niveaux; finalement les aspects
politiques, culturels et sociaux permettent une citoyenneté multiple.
3.
La citoyenneté dans l’espace public.
La
citoyenneté intervient à tout moment dans l’espace public dès lors qu’il y a
interactions. Pour les qualifier, on peut aussi parler de sociabilité ou de
civilité. La sociabilité est l’ensemble de relations qu’une personne entretien
avec son entourage alors que la civilité signifie le respect des règles de
bienséance.
Pour
qu’il y ait citoyenneté, il faut qu’il y ait ensemble d’individus, donc
société. D’après Kant, l’être humain est mû par l’impératif de vivre ensemble.
Du moment où il vit à côté d’autres individus, il va forcément entrer en contact
avec ceux‐ci,
que ce soit de manière positive ou négative. « Au‐delà
de l’esprit humain, nous sommes marqués dès notre naissance, sans l’avoir
voulu, par l’impératif de vivre ensemble – à vivre ensemble. (…) Sans contenu,
cet impératif à vivre ensemble est une loi inscrite en nous, que nous n’avons
pas décidée, dont nous n’avons pas débattu. (…) il peut être compris, de façon
anthropologique, comme exigence morale du respect à l’autre. (…) le citoyen est
donc celui qui assume l’exigence du vivre ensemble. »68 Par cette déclaration,
Kant pose la citoyenneté comme condition de la vie publique et par conséquent
de l’espace public.
L’espace
public est le lieu de ces interactions. C’est la rencontre qui créé l’espace
public : « La citoyenneté est donc la dimension publique de l’existence. (…)
défendre les causes que l’on juge être les meilleures, c’est coexister et
coagir au sein d’un monde commun, participer à son destin collectif, c’est être
citoyen. »
Etre
citoyen signifie de faire partie d’un groupe, d’être reconnu par celui‐ci
et de partager les mêmes valeurs. Pour qu’il y ait citoyenneté, il faut qu’il y
ait interaction et échanges entre des individus.
Marcel
Martin, conseiller municipal PS, explique : C’est comme une société de
fanfare ou de chant, une fois qu’on en fait partie, on voit des gens. Il y a
aussi le bénévolat qui peut aider à s’intégrer dans une ville. (…) Donc c’est
aussi une démarche pour aller vers l’autre. D’une manière générale je ne pense
pas que l’être humain est fait pour rester seul, pour vivre seul. On a envie de
croiser du monde.
On
peut donc être citoyen d’une multitude de façons différentes. « En matière de
vie urbaine, tout reste encore à découvrir, (…). La découverte ne réside plus
dans celle de territoires nouveaux aussitôt abandonnés puis mal exploités ; la
découverte c’est de chercher aujourd’hui à vivre complètement, de découvrir les
multiples possibilités d’un vivre‐ensemble.
»
La
citoyenneté est rattachée à la notion d’identité. Il faut que la personne
s’identifie à un groupe et en partage les valeurs pour en devenir citoyenne. De
même, la personne peut s’identifier à un lieu qu’elle considère comme lui
appartenant. « Korosec définit l’appropriation de l’espace comme le « sentiment
de posséder et de développer un lien affectif avec un territoire fréquenté
quotidiennement et figurant de ce fait comme support d’indentification. » Pour
cela, le phénomène d’appropriation de l’espace public est un élément important.
La citoyenneté consiste aussi à faire
vivre
et pérenniser l’espace de vie. C’est‐à‐dire,
entre autres, à éviter et régler les conflits et maintenir la sécurité. « La
sécurité urbaine dépendrait en partie du facteur identitaire d’un territoire.
Une
personne défend et respecte un espace s’il arrive à se l’approprier et à s’identifier
à celui‐ci
par des mécanismes d’appartenance et d’appropriation. »72 Du point de vue
urbanistique, il existerait des moyens pour favoriser ce bien‐être,
ce sentiment d’appartenance. Selon Oscar Newman, « la planification et le
design urbain peuvent réduire les incivilités dans les espaces urbains. Les
formes urbaines doivent être conçues dans l’optique d’encourager la
territorialité. » La territorialité est à comprendre dans le sens de
l’appropriation du territoire, ce qui engendre un sentiment citoyen plus
marqué. Renée‐Laure
Hitz partage cet avis : Plus les choses seront agréables, (…) plus ça a une
influence, je pense, sur la manière dont les gens vivent et s’approprient
l’espace et on pourra peut-être éviter certaines violences. Si les gens s’approprient
l’espace, ils seront peut‐être plus capables
d’intervenir dans certains conflits parce qu’ils sont chez eux. Dans
l’idéal et afin de respecter les besoins de chacun en matière d’aménagements,
de sécurité et de bien‐être,
« La ville durable sera forcément une ville passante, hospitalière et
accueillante dont l’édification reposera sur l’accessibilité et la gratuité
d’espaces publics sécurisés parce que généreux, variés, partagés et ouverts à
tous. L’état d’esprit n’y remplacera pas l’état de droit. Mais elle s’aura
s’affranchir des replis sécuritaires pour ouvrir le champ des possibles.
L’urbanisme y deviendra moins un outil normatif de fabrication de cadres de vie
sélectifs et restrictifs qu’un instrument de réappropriation collective du désir
d’habiter. »
4. HABERMAS et
L’ESPACE PUBLIC :
Dans
le domaine de la théorie de la communication, Jürgen Habermas fait référence.
Philosophe, rattaché à l’école de Francfort, Habermas a largement influencé les
recherches françaises, notamment autour de la notion de « l’espace
public ». Les thèses de Habermas sont souvent obscures, et nous trouverons
ici quelques éléments de synthèse.
a- La sphère publique.
Habermas
caractérise la construction de la « sphère publique » au XVIIIème
siècle. La sphère publique fait suite à un mouvement de privatisation ( dans le
sens du domaine « privé » ) à l’intérieur des sociétés occidentales.
Elle met en œuvre une communication entre des personnes privées, qui vont
se constituer en tant que public.
Caractéristique
de cette sphère publique :
Elle est d’abord politique :
Elle
constitue un espace de discussion qui échappe à l’emprise de l’état. Elle le
met d’ailleurs parfois en cause par les critiques qui se constituent au cours
des échanges d’opinion. Au cours de ces échanges, c’est l’exercice critique de
la raison qui prévaut. Seule la force du meilleur argument est censée
prévaloir.
Elle est ensuite une sphère publie bourgeoise :
Elle
rassemble ceux qui possèdent des biens, et une culture leur permettant
d’intervenir véritablement sur des sujets débattus. Elle en exclut le peuple,
considéré comme privé des compétences qui lui permettraient de faire un usage
du raisonnement.
En
résumé, cette sphère publique doit rassembler les représentants éclairés de
ceux qui ne peuvent pas prendre part au fonctionnement de cet espace où se
manifeste pourtant l’opinion publique.
b- Le nouvel espace public.
Habermas
montre que des couches non bourgeoises pénètrent peu à peu cette sphère
publique. D’abord favorable à l’opinion publique, les libéraux vont la
condamner. Pour eux, l’opinion publique risque d’exprimer simplement la
domination des masses et des médiocres. De plus, l’exercice de la raison laisse
place à l’existence de la manipulation.
La
sphère publique assurait une fonction de médiation entre l’Etat et la société.
Les associations, syndicats et partis ne font plus désormais que d’obtenir
l’assentiment du public « vassalisé », en utilisant les médias et le
marketing politique.
L’arrivée
des nouveaux médias ( la photographie en 1839, le cinéma en 1895 , la radio en
1917 .. ) permet la diffusion en masse de la communication. Et ses aspects
« indiciels » ( la voix, la parole ) détournent l’esprit de la
raison. L’exercice de la raison se pratiquant par l’esprit, le livre, les
journaux. Le livre, objet pauvre sensoriellement, permettait au lecteur
d’intérioriser sa conscience, en concernant celle-ci sur le seul contenu de l’ouvrage.
Le livre isole en effet le récepteur du message, sans interagir avec celui qui
l’écrit. Les médias courcircuitent ainsi la raison par des raccourcis
sensoriels. Par l’émotion, la persuasion, plutôt que l’explication rationnelle
et logique.
c- Limites de l’espace public d’Habermas.
La
pensée d’Habermas a largement été commentée ; et critiquée :
- Il
dévoile une fascination pour l’arène parlementaire, et un valorise un espace
public bourgeois supposé être le modèle de la démocratie, alors qu’il reposait
sur l’exclusion de l’essentiel de l’humanité ( les femmes, les jeunes, les
milieux populaires ..).
- Il
néglige que la construction sociale se fait sur le domaine privé et public,
sans frontière absolue.
d-
Théorie de l’Agir communicationnel.
L’une
des forces du chercheur allemand est sa capacité à accepter la critique et
n’hésite pas à abandonné « la perspective chagrine » qu’il a adopté
(note-t-il dans la préface de l’Agir communicationnel). Il réfute sa thèse de
l’abrutissement du public et de la supériorité de l’espace public
bourgeois ; au profit de la théorie des actes communicationnels.
Habermas
construit sa thèse, par une discussion de la théorie sociale de Weber :
Les
quatre idéaux-type de Weber sont les suivants, classés par ordre croissant de
rationalité ; ils caractérisent l’action dans la communication :
- L’habitude :
on ne sait pas pourquoi on se conforme à une routine, mais on s’en donne les
moyens.
- L’affect :
en plus des moyens, on attribut une fin à l’action.
- Les
valeurs : l’action est guidée par du sens, mais sans tenir compte des
conséquences des actes.
- L’action
rationnelle en finalité : on s’attache aux conséquences, en sus des
moyens, fins et valeurs.
Selon
Habermas, il faut étudier les réseaux d’interactions dans une société faite de
relations communicationnelles. « L’union dans la communication de sujets
opposés ». Il définit :
-
« L’agir instrumental » : il vise purement la technique ;
il est efficace mais vide de sens. Il s’agit des médias froids (
« facebook », « twitter » ).
- « L’agir
stratégique » : c’est la raison et l’action à visée étroitement
égoïste, utilitaire ; les médias de masse en constituent le dispositif
privilégié. Habermas oppose d’autres modes d’actions ou de rapport au
monde :
- « l’agir
communicationnel » : il s’agit de l’action objective, cognitive qui
s’impose de dire le vrai. L’action qui vise la justesse morale de
l’action ; l’action expressive qui suppose la sincérité. Ici il s’agit
d’une recherche d’une définition commune de situations.
« Les
actes humains comportent tous les niveaux, sans qu’il n’y ait de divorce entre
eux. Nous habitons en même temps tous les mondes, qui veut dire le travail
industriel, la politique, .. ».
Si
les raisons souffrent, ce n’est pas en raison de l’existence d’une
incompatibilité entre rationalité/sens, bureaucratie/éthique, capitalisme/vie
sociale, mais en raison d’un déséquilibre entre la puissance de l’instrumental
( dirigé par le pouvoir économique et technocratique ) et le monde vécu.
L’espace public n’est plus la panacée du pouvoir institutionnel mais il est
l’ensemble de la société civile et des médias de masse. Où chacun peut
contribuer.
Ce
nouvel espace public doit être un espace public de débat, ouvert à tous, mais
comportant des experts. La légitimité de la parole, le « vrai » dans
l’agora de notre communication se construit sur des pratiques argumentatives,
liées à des actions communicationnelles des activités d’interprétation des
individus et des groupes sociaux.
Pour
Habermas, la rationalité n’a pas trait à la possession d’un savoir, mais à la
façon dont les sujets doués de parole et d’action acquièrent et emploient un
savoir.
III – L’ESPACE EN SCIENCES
SOCIALES :
1-
L'évolution du concept d'espace en
sciences sociales :
Si les sciences dites dures ou
exactes (physique, mathématiques) ont construit des définitions claires de
la notion d'« espace », une définition précise de l'espace tel
qu'étudié par les sciences sociales, car dépendante notamment de son point de
vue sur la géographie,
a mis du temps à être formulée.
La réflexion épistémologique sur
le concept d’espace en sciences sociales commence dans les années 1960 et 1970,
et ne parviendra pas, à l'époque, à maturité.
En effet, les écoles géographiques réfléchissant sur
le sens de la notion de l’espace
n’étaient parvenues à voir l'espace que sous la forme d'un substrat,
secondaire, soutenant d’autres processus : réalités sociologiques,
économiques, historiques, représentations…
C’était dire que les processus économiques,
sociologiques et historiques prenaient forme dans l’espace et que l'espace
était un « lieu » absolu où se réalisait la société.
La réflexion prenait donc la forme d'une tautologie,
puisque la définition de l'espace était celle d'un espace où se développait la
réalité sociale.
Un espace, qu'il soit celui des échanges économiques
ou celui de la lutte des classes, est bien un espace. Rien de neuf n'était dit
à propos de l'espace lui-même et l'espace demeurait donc impensé en
termes sociologiques.
Quatre manières de penser l'espace en géographie
peuvent être dégagées :
1.
1.
la géographie physiciste voit l’espace comme une réalité
absolue : les conditions géo-climatiques sont vues comme stables (il
existe un espace climatique intertropical qui ne peut pas changer), les régions
existent en tant que telle (l'Amérique est l'Amérique et restera
l'Amérique) ;
2.
1.
la géographie culturaliste voit le positionnement spatial des
cultures comme des réalités absolues : il y a par exemple un espace défini
de la civilisation occidentale et un espace défini de la civilisation
musulmane ;
3.
1.
une géographie relativiste voit la réalité spatiale comme le fruit d’un
jeu de forces dans le cadre d’un système, faisant que chaque élément du système
se situe spatialement en fonction des autres éléments. Par exemple, il est
possible d'étudier la localisation des offres d'emplois par rapport aux
demandeurs d'emplois ; mais chaque élément est vu une réalité atomique
absolue : on néglige la diversité des choix des acteurs humains ;
4.
1.
la géographie du début du xxie siècle garde
la conception du système mais en voit les éléments comme réalités fluctuantes
et libres (« acteurs géographiques »), faisant que les rapports entre
éléments ne sont jamais réellement prédéterminés.
De la psychologie à l’anthropologie en passant par la
géographie et l’urbanisme, la notion d’espace émerge de plus en plus au sein
des sciences humaines et sociales.
Nous pouvons d’abord parler d’espaces dans les
sciences politiques de la ville et dans tout ce qui rejoint l’urbanisme
contemporain.
Il existe d’abord le concept fonctionnaliste développé
par Le Corbusier en
France dans les années 1970, qui propose de créer des quartiers qui seraient de
véritables machines à habiter. Tout serait conçu pour habiter confortablement,
proche de la nature, sans voiture. Mais il manque à ce concept un point
crucial : des réseaux de communication capable de créer et d’assurer un
minimum de lien social qui pourrait pérenniser ces espaces.
C’est sur ce point que les penseurs de l’espace, des
anthropologues ou psychosociologues, mobilisent des idées sur les rapports
entre l’espace en tant que support matériel, comme cadre, et en tant que volume
d’activité humaines.
On y distingue par exemple les notions
« d'espace d'objets » et celle « d'espace cadre ». Sur le
plan épistémologique c'est Milton Santos,
selon Jacques Lévy,
qui parviendra le premier à réaliser une synthèse « des deux grandes
sources de la géographie postclassique » (mathématiques et sciences
sociales).
2-
Espace et
interactionnisme :
Les concepts d’espace, de lieux et de
proximité nous viennent d’une tendance à s’intéresser aux sciences humaines et
sociales à partir de l’individu et des interactions qu’il a avec les autres
individus.
G. Simmel en
fut l’un des principaux instigateurs. Pour lui l’espace est vu comme une
médiation avec un caractère exclusif. C’est le lieu des actions réciproques des
individus régis par des règles et des normes. La tradition voyait l’espace
comme support matériel, comme contenant non déterminé par le contenu.
Mais une autre tradition apparue qui
voit l’espace dépendant du contenu : « L’espace c’est l’ordre des
coexistants ». Simmel reprendra cette tradition qui nous vient du
philosophe Leibniz pour
voir dans l’espace une troisième voix : le relativisme et
l’interactionnisme. L’espace est un système de positions et de relation de
positions. Ce qui montre en quoi l’espace à un lien avec les interactions des
individus, les relations réciproques.
Cette troisième voix, E. Goffman y
amène sa pierre à l’édifice. En effet, proche des théories Simmeliennes,
Goffman montre en quoi il est important en sciences sociales de s’intéresser
aux interactions individuelles. Il montre que les actions individuelles dans un
espace donné ne sont qu’une métaphore théâtrale. Chaque individu serait un
comédien qui joue un rôle précis conforme à l’espace dans lequel il se trouve
et conforme aux attentes des autres personnes en présence. Ce jeu permet de ne
pas perdre la face et de ne pas la faire perdre aux autres. Cela permet
d’éviter les malaises et les conflits.
Quand on se retrouve seul dans un
lieu privé, on ne joue plus de rôle pour rentrer dans les coulisses où l’on se
détend. Selon Goffman, on peut jouer plusieurs rôles différents en fonction des
personnes et des espaces fréquentés. Il n’y aurait donc pas un
« moi » mais plusieurs « moi » pour chaque individu.
L’espace serait donc non seulement un cadre matériel mais également porteur de
significations pour les individus qui y sont en interaction.
I. Joseph,
essaye de comprendre la ville par rapport aux interactions des individus et par
le processus d’appropriation de l’espace public.
Pour lui l’espace public est
accessible quand plusieurs mondes le partagent. On y agit seul ou ensemble par
le biais de rencontres individuelles, de l’expérience de chacun et de la
relation entre eux. L’individu est pour lui déterminé par la structure de la
ville et il s’y adapte par la sociabilité et la visibilité. Comme Goffman, il
explique que chaque individu fait un travail de figuration. En outre, il montre
qu’il existe des rituels à chaque espace. Dans les espaces publics il existe un
langage commun dans l’exposition aux autres, pour et par les autres. Il met
aussi en relation l’intimité et l’espace public, avec les autres. Il montre que
l’un de ces rituels, celui de l’évitement est fréquent afin de ne pas violer
l’intimité d’autrui : espace public et intimité ne sont donc pas
incompatible.
3-
Une psychosociologie de l’espace :
Pour Kevin Lynch qui
s’intéresse à l’urbanisme par l’espace et l’identité, la difficulté d'une
définition positive de l'identité urbaine provient principalement du fait que
le concept d'identité est issu du champ de la psychologie et s'est appliqué en
premier lieu à l'individu. L'idée de "l'identité urbaine" devient
opérationnelle à partir du moment où l'on considère une collectivité urbaine
comme un acteur social. Ainsi, l'identité urbaine peut se définir comme le
processus d'agencement et de structuration de l'ensemble des représentations
que les différents groupes sociaux internes et externes d'une ville se font
d'elle, de son passé, de son présent et de son avenir, et ceci à un moment donné
de l'histoire. Il conçoit donc l’espace à travers l’identité, les structures et
les significations.
Jean Remy veut
donner à l’espace un statut théorique en lui donnant un statut explicatif isolé
mais en liaison avec d’autres déterminants sociaux. Pour lui l’espace peut
influencer la formation de réseaux d’interaction mais également la
représentation de soi et de son rapport aux autres. Il parlera alors de
l’analyse des champs de contraintes et de possibles que l’espace contribue à
constituer.
G.N. Fisher
dans « psychosociologie de l’espace » rappelle le rapport entre
espace et activité humaine en précisant que nos comportements sont influencés
selon « l’environnement matériel donné », qu’ils sont formés par
l’espace mais qu’ils forment eux-mêmes l’espace. Pour Fisher le rapport entre
l’Homme et l’espace est un médiateur de la communication,
« Homme-environnement-Homme ». Fisher précise que l’espace est
considéré comme une entité extérieure à l’individu mais qui élabore des
significations que chacun interprète selon sa culture, son éducation etc.
Les techniques employées
d’appropriation de l’espace seront alors différentes selon ces facteurs ;
les significations que ce même espace nous renverra en seront remodelées. G.N.
Fisher veut montrer ensuite le rapport entre l’espace et les différents types
de libertés : principale, marginale et interstitielle, élaborés par Moles
A.. Elles sont dépendantes de l’espace dans lequel nous nous trouvons. Certains
espaces ont plus de contraintes et enferment la liberté de l’Homme dans un
champ délimité – les limites matérielles de l’espace dans lequel l’Homme se
trouve peuvent symboliser cette délimitation de liberté. D’autres espaces
permettent d’étendre les limites comme un élastique, sans les casser. Enfin les
derniers espaces permettent de passer dans les fissures naturelles qu’ont ces
limites.
Comme A. Moles, Fisher pense l’espace
en tant que représentation et signifiant pour l’Homme : « L’espace
n’existe que par ce qui le remplit ». Tout d’abord il nous montre la
différence entre l’espace et le lieu : un lieu se différencie de l’espace
en cela qu’il possède une identité, une appropriation humaine par des
représentations.
Le lieu est alors un espace qui à une
signification particulière pour l’Homme. Selon A.S. Bailly chaque individu à sa
propre représentation de l’espace dans lequel il est. Cet auteur qui a une
approche plus cognitive, précise que nos représentations sont fondées sur
l’apparence de l’objet et non sur l’objet lui-même. Nous ne pouvons voir la
réalité matérielle d’un lieu, que depuis le point de vue d’où l’on se trouve,
d’après nos expériences personnelles, notre identité et notre culture.
L’appropriation d’un espace ne peut se faire qu’en prenant en compte cette
notion de représentation de celui-ci.
Fisher et Moles parlent également des
micro milieux qui sont à « la base des structures du
comportement » : « ce qui est proche pour moi (ici, maintenant)
est plus important que ce qui est lointain (autrefois, ailleurs) ». Ils
veulent ainsi montrer la dialectique entre l’environnement sociale et
géographique de l’Homme et l’activité humaine, ses représentations, ses
cultures et ses valeurs.
4- Espace et anthropologie :
A. Moles a pourtant une approche
plus anthropologique.
Quand il parle de proxémie,
il se rapproche des concepts anthropologiques de E.T. Hall. Ce dernier explique
que chaque espace a un caractère à la fois sociofuge et sociopète : il
favorise le contact tout en sachant limiter les distances entre individus.
Grâce à une démonstration qui part de l’éthologie, il montre dans « La dimension
cachée » qu’il existe quatre types de distances spatiales existantes dans
chaque culture : la distance intime, la distance personnelle, la distance
sociale et la distance publique. Chacune varie selon les personnes, les
sociétés et les lieux dans lesquels nous nous trouvons. La proxémie explique
alors comment l’espace est organisé dans les sociétés humaines selon les
facteurs culturels. Elle nous permet de comprendre comment nous nous
approprions l’espace, et comment celui-ci nous incite à nous organiser de telle
ou telle manière selon les représentations que l’on en a et selon les normes et
règles en vigueur.
E.T. Hall nous montre que la distance
–la bulle- qui nous sépare des autres est différente selon les cultures. Des
conflits peuvent être générés à cause de ces malentendus. Cette différence de
sphère personnelle qui nous entoure et qui nous protège des autres, influence
notre manière d’organiser l’espace et de le pratiquer. E.T. Hall donne en
exemple le Japon, l’Europe et les États-Unis d’Amérique : le style
d’aménagement urbain et domestique des habitats de chacun de ces lieux
géographiques est différent selon leurs manières de pratiquer l’espace.
En comprenant les pratiques de
l’espace et en laissant de côté une vison géographique et fonctionnaliste de
l’espace, les penseurs de la proxémie ouvrirent de nouvelles voies dans les
recherches sur l’espace et le lien social urbain.
5
- L'approche actuelle du concept d'espace en sciences sociales :
Cette nouvelle approche philosophique
de l’espace, relationnelle (puisqu'elle considère que les points trouvent leur
réalité en fonction de leurs relations) et relativiste (puisqu'elle ne
considère pas l'espace comme une réalité en soi), rend possible une
approche « dimensionnelle » : l’espace est l'une des dimensions
de la réalité. Ainsi, si une société peut être étudiée en fonction de ses
relations économiques, de ses relations sociales, de son histoire, "elle
peut être étudiée selon la dimension de son espace" (Jacques Lévy, 1993).
§ L’espace est réel : il a des
conséquences sur tous les objets, autant que l'économie, l'histoire ou la
sociologie.
§ L’espace est relationnel : les
positions des objets n’existent pas en soi, mais dépendent de la distance entre
les éléments.
§ L’espace n'est pas étudiable en soi :
l'espace est une dimension d'appréhension et non un objet étudiable. De la même
manière que l'histoire est l'étude du temps dans les relations économiques, les
relations sociales, les représentations ou les individus, et qu'étudier le
temps, en lui-même, n'a pas de sens en sciences sociales, il est impossible
d'étudier l'espace en lui-même. Cette position est le spatialisme,
partagé par certains géographes, qui étudient l'espace comme une chose en soi
et le sens commun, qui la plupart du temps ne considère pas l'espace comme une
dimension fonctionnelle de la réalité humaine.
6- Trois conséquences épistémologiques de la nouvelle approche
de l'espace :
1.
L'opposition
entre un lieu (ponctuel) et une aire (étendue spatialement) n’est plus de mise.
Le lieu devient une des formes de l'espace, conçue de façon ponctuelle et dont
le lien avec ce qui l'entoure évolue entre enclavement (distance infinie) et
ubiquité (distance nulle). Les techniques de réduction des distances
sont : la co-présence, la mobilité, la télécommunication.
2.
La
société forme un tout systémique, sujet de recherche la science
sociale. Le tout n’est pas délimité en parties juxtaposées
(société, économie, espace, temps…) dont certaines seraient plus puissantes que
d’autres (comme le veut l’impérialisme épistémologique des historicistes, des
économistes ou des sociologues). Le tout comporte diverses
dimensions : économie, sociologie, histoire, spatial, politique,
individualité, … et l’espace est l’une des dimensions de la société : tous
les éléments sociaux se caractérisent par une certaine distance par rapport aux
autres et toutes les stratégies, politiques, actes, idéologies, technologies,
savoirs des acteurs sociaux prennent nécessairement en compte (même
inconsciemment) la dimension de la distance. Toute la société est à dimension
spatiale et tout l’espace est à dimension sociale. Mais la société n’est pas
que spatiale. Toute étude de la société, d’un point de vue spatial, doit
prendre en compte l’ensemble des caractéristiques économiques, historiques et
sociologiques. Ainsi, le concept de « socio-spatial » est-il un
pléonasme, puisque le chercheur doit toujours prendre en compte l’ensemble des
dimensions sociétales dans son approche scientifique.
3.
L’espace
peut être étudié à la fois dans sa composante matérielle (distance entre les
éléments), dans sa composante idéelle (conceptions que les éléments se font de
la distance), et dans sa composante immatérielle (utilisation des
télécommunications pour réduire la distance, sans la réduire « matériellement »).
En bref
L'espace est, géographiquement parlant,
une dimension sociétale qui correspond aux relations établies par la distance
entre différentes réalités sociétales.
L’espace : objet social défini par sa dimension
spatiale.
Un
espace se caractérise par trois attributs fondamentaux:
· échelle (taille de
l’espace),
· métrique (manière
démesurer l’espace),
· substance (dimension non spatiale des objets spatiaux).
Un
espace minimal est un chorotype.
Une composition de chorotype est un géotype.
Les trois types de relations entre espaces sont : interface, cospatialité, emboîtement.
III- ESPACE ET
TERRITOIRE
1- Les entrées du
territoire:
Le
territoire est aujourd’hui au cœur des préoccupations des scientifiques, des
politiques, mais également des acteurs économiques. Les géographes n’ont pas
été les seuls à s’approprier cette notion, cependant ils ont fait de l’espace
leur entrée principale, ce qui les distingue quelque peu des approches des
économistes ou des sociologues.
Loin
de cela, nous pouvons néanmoins nous poser la question suivante: pourquoi le
concept de territoire est-il tant utilisé, en géographie, dans des sciences
connexes et plus globalement en relation avec l’aménagement de l’espace et les
différents acteurs qui en ont la charge ?
En
effet, le concept du territoire dégage trois entrées, une entrée qui consiste
d’emblée à qualifier le territoire par l’espace, dont il est quelque fois un
quasi-synonyme. La construction du territoire est alors dominée par le rôle de
l’état qui selon P. et G Pinchemel, 1997 « contrôle maintient son
intégrité [..] exerce une autorité, une compétence ». Mais reste que le
territoire présente une double nature, à la fois matérielle et il s’agit de
faire référence alors à l’espace géographique, sous système du territoire, et
symbolique et idéelle, en relation cette fois avec les systèmes de
représentation qui guident les sociétés dans l’appréhension qu’elles ont de
leur « environnement ». Ainsi comme le précise G. DI Méo, 1998
« le territoire est souvent abstrait, idéel, vécu et ressenti plus que
visuellement repéré ». Cette deuxième entrée fait donc référence aux
processus d’organisation territoriale qui doivent s’analyser à deux
niveaux : celui qui résulte de l’action des sociétés (ce que nous
appellerons l’espace géographique), et également celui qui résulte des systèmes
de représentation. Enfin une entrée souvent mentionnée mais rarement abordée de
manière systémique, en relation avec les deux premières (l’espace géographique
et les représentations que l’on fait de cet espace), est celle des acteurs, qui
font le territoire. Il s’agit des interrelations multiples qui lient ceux qui
décident, perçoivent, s’entreperçoivent, s’opposent, s’allient, imposent et
finalement aménagent.
Donc
le territoire est avant tout, un système, dont les outils mis en œuvre doivent
intégrer sa diversification et sa complexification en coordonnant notamment les
dimensions sociales, politiques, économiques et environnementales, en
considérant tous les usages, sur la base d’une participation de plus en plus
active de la population.
Ainsi,
ces trois entrées du territoire mentionnées ci-dessus, constituent-elles en fin
de compte trois sous-systèmes en intercalation, qui évoluent dans le temps,
dans le cadre d’une boucle ininterrompue fondée sur des principes de
construction/déconstruction. Ces trois sous-systèmes sont les suivants :
· L’espace
géographique, approprié par l’homme, aménagé et au sein duquel apparaissent des
organisations spatiales et de multiples interactions fondées sur les
interrelations entre les sous-systèmes qui le composent (naturel, anthropisé,
social et institutionnalisé) ;
· Le
système des représentations de l’espace géographique, ensemble de filtres
(individuel, idéologique, sociétal) qui influence les acteurs dans leurs prises
de décisions et les individus dans l’ensemble de leurs choix ;
· Le
système des acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment sur l’espace
géographique, influencées par leurs filtres, et suivant leur position au sein
de ce système. Ils
reviennent ainsi, sur le devant de la scène.
Par
ailleurs, il faut replacer les acteurs dans les systèmes qu’ils élaborent afin
de leur permettre, comme l’a décrit Roger Brunet (2001), de s’approprier,
d’habiter, d’échanger et d’exploiter dans les meilleurs conditions qui soient
et surtout , de manière cohérente. Ces systèmes d’acteurs permettent de gérer
et, à travers cette action, de maintenir une stabilité du système au sein
duquel ils agissent. Elle en découle une indispensable coordination, une
organisation et finalement l’aménagement avec ce que ce terme peut selon les
définitions admises receler d’équité. De plus, ces systèmes d’acteurs ont ainsi
un rôle limitant les uns par rapport aux autres, produisant une relative stabilité,
placée au centre d’oscillations finalement minimes. Le produit de ces
interrelations peut être dénommé gouvernance, c'est-à-dire
l’ensemble des règles, des procédures et des pratiques qui sous-tendent
l’existence d’un territoire, autour du jeu complexe des acteurs, par rapport à
une organisation spatiale évolutive. Dans cette perspective, on déduit que les
systèmes d’acteurs produisent les territoires autour de la gouvernance.
A
cet égard, la définition du territoire, selon les géographes, doit faire appel
à l’articulation de différents outils. On peut avancer la définition suivante
« Le territoire est un système complexe dans la dynamique résulte de la
boucle rétroaction entre un ensemble d’acteurs et l’espace géographique qu’ils
utilisent aménagent et gèrent».
Ainsi
peut-on considérer que le profil du territoire contient environ huit
composantes : les ressources physiques et leur gestion, les ressources
humaines, les activités et les emplois, le savoir-faire et compétences, la
culture et l’identité, le niveau de gouvernance et convergence, l’image et la
perception du territoire, les relations extérieures.
Par
ailleurs, et pour que le profil territorial soit un outil d’animation, il faut
examiner chacune des composantes caractéristiques du territoire considéré, à un
moment donné. A partir d’une représentation graphique, le procédé permet de
percevoir l’évolution du territoire aux cours d’une période donnée, de leur
dresser un bilan (points faibles/ points forts) de chaque composante du
territoire, de prendre la mesure des ressources dont on dispose pour un projet
futur. C’est un outil d’animation, qui permet de confronter et compléter les
points de vue de chacun et d’arriver à une appréciation collective enrichie de
la situation du territoire. En effet, l’un des intérêts majeurs de cet outil
réside dans l’expression et la confrontation des points de vue. Son utilisation
comme support d’animation contribue à entretenir une dynamique dans la démarche
participative et la gestion concertée du développement du territoire.
De
l’autre coté, et malgré n’ayant qu’une valeur objective limité, le profil
territorial peut amener des groupes d’acteurs locaux à préciser et comparer
leur vision du territoire. Et si on compare plusieurs profils établie au cours
de différentes périodes, on peut faire apparaître les évolutions passées et
mettre en évidence les pertes ou les acquis du territoire.
Donc
nous sommes face à un capital territorial qui constitue un ensemble d’éléments
matériels et immatériels, un groupe d’éléments complexes, inscrit dans une
dimension spatio-temporelle et représenté par une sphère située au croisement
de deux axes principaux : passé-avenir et intérieur-extérieur.
2- Quels
outils pour appréhender le territoire ?
Les
difficultés d’interprétation et de compréhension des territoires, que pose
l’emboitement des sous-systèmes présentés ci-dessus, nécessitent inévitablement
un retour vers l’idée de complexité. Il est en effet indispensable de proposer
de manière précise des outils susceptibles d’aborder la complexité qui
sous-tend à la fois les organisations spatiales, mais également les systèmes
d’acteurs qui les font évoluer. L’approche systémique est ainsi représentée,
comme un paradigme capable de guider l’approche et la compréhension des
systèmes complexes et comme préalable à des démarches de modélisation plus
avancées.
Quatre
étapes sont possibles :
1-
Chercher des outils d’acquisition et de
traitement de données à savoir, les informations simples, recueil de données de
l’espace géographique, informations traitées tels les cartes, graphiques ….,
documents de synthèses et modèles graphiques ;
2-
Réfléchir sur les outils d’analyse des
acteurs en tension autour des documents de programmation, comme les
informations les plus complexes, recueil de données plus avancées, jeu
d’acteurs, ainsi que le diagnostic et la décision qui permettent de maîtriser
les problèmes du territoire depuis leur formulation jusqu’à sa
résolution ;
3-
Penser à des outils d’observation de
l’organisation et du fonctionnement de l’espace géographique et/ou du
territoire, on améliorant la méthode d’acquisition de l’information simples et
complexes, en s’appuyant sur des observations du terrain et se basant sur les
outils du systèmes s’informations territoriales et enfin de pouvoir évaluer l’impact
des politiques sur l’espace géographique.
4-
Inventer des outils de simulation de
l’évolution de l’espace géographique et/ou du territoire, toujours par le biais
d’informations simples et complexes et l’analyse de la dynamique du système,
les automates cellulaires, le système multi-agents etc .. pour aboutir à des
scénarios d’aménagement ambitieux et pertinents.
Dans
le cadre d’un diagnostic territorial, il faut aborder trois sous-systèmes liés
entre eux :
n Le
contexte naturel du territoire abordé, il peut présenter des contraintes et des
atouts qui auront une incidence sur l’organisation de l’espace géographique,
mais aussi sur les relations entre les acteurs ;
n L’organisation
de l’espace géographique, au travers de la répartition des objets, de l’interaction
entre ces objets, des forces et faiblesses de cette organisation, de
l’influence du contexte naturel et de l’évaluation de la mise en œuvre des
politiques actées dans le cadre des différents documents de programmation,
d’orientation et de prescription ;
n L’organisation
des acteurs du territoire étudié ou diagnostic stratégique, la superposition de
maille de gestion, l’articulation des documents de programmation, d’orientation
et de prescription, et leur mise en place autours d’acteurs clés, le décideur
devant aujourd’hui intégrer la notion de « maillagement »
Ces outils constituent des approches
systémiques qui aident à comprendre le fonctionnement d’un territoire, pour
agir et élaborer une stratégie mettant en place un suivi-évaluation et
recherchant des effets multiplicateurs et des plans d’action « gagnant-gagnant ».
En conclusion, et selon De Sède, 2002,
« l’efficacité des démarches participatives en aménagement, sera
conditionné par un réel couplage entre décision, notamment instrumentation
géomatique, l’espace demeurant au centre de tous les enjeux ». Ceci dans
la perspective d’un système territoire qui intègre simultanément trois
dimensions : temporelle, spatiale et organisationnelle, qui chacune se
divisent de la manière suivante (Roland-May C. 2000):
n Le
temps est composé d’un avant (évènement passés), d’un après (avenir du
territoire) et d’une durée des évènements ;
n L’espace
est composé d’échelles emboitées qui peuvent se retrouver au sein du local et
du global ;
n La
dimension organisationnelle est composée de trois sphères : celle des individus,
celle de la politique et celle des relations économiques, culturelles et
sociales.
IV- LA
CITOYENNETE :
1
- Comment définir la citoyenneté ?
La
citoyenneté désigne au moins trois dimensions du lien social :
·
Un statut juridique : par opposition au simple résident, le citoyen est
porteur de certains droits et responsabilités.
·
Un certain nombre de pratiques : est
citoyen celui qui participe à la vie des institutions publiques et au
fonctionnement du bien commun.
·
Un pôle identitaire : cette dimension est pleinement réalisée lorsque le
statut de citoyen a une importance subjective pour l’individu.
La
citoyenneté ne se définit donc pas uniquement d’un point de vue juridique par
la possession de la nationalité et de ses droits civils et politiques. Elle se
définit aussi aujourd’hui, comme une participation à la vie de la cité.
Cependant,
un citoyen peut choisir de participer (citoyen actif) ou non (citoyen passif) à
la vie publique. De même, l’attitude individuelle des citoyens est importante.
Les comportements de civisme (politesse, respect des biens publics, s’acquitter
des devoirs, respect d’autrui)
constituent des éléments tangibles d’une société qui tend vers la démocratie.
3-
Quels rôles un citoyen peut-il jouer
dans la société ?
Un
citoyen actif a un rôle essentiel à jouer, qui prend tout son sens avec
l’exercice du droit de vote.
C’est
à ce moment que le citoyen apporte sa contribution majeure à la société.
En
votant, mais aussi en se faisant élire, il fait valoir son point de vue, change
ou confirme les gouvernants, ou encore grandes orientations de la politique
nationale.
4-
Quel est le statut juridique d’un
citoyen ?
Elle se définit aussi
aujourd’hui comme une participation à la vie de la cité. Cependant,
les citoyens n’ont aucun rôle obligatoire à jouer. En ce sens, le statut
juridique de citoyen est un statut de liberté. Un citoyen peut choisir de
participer (citoyen actif) ou non (citoyen passif) à la vie publique.
Mais, en dehors des
élections, les citoyens peuvent également, de façon quotidienne, jouer un
rôle important dans la société. Par exemple, ils peuvent adhérer à
une association, à un Syndicat dont le but est de défendre les droits et les
intérêts sociaux, économiques et professionnels de ses adhérents ou à un parti
politique organisé qui rassemble des citoyens unis par une philosophie, une
idéologie commune afin de faire évoluer la société dans laquelle ils vivent ou
venir en aide aux autres ou même encore tenter d’influencer la politique
nationale.
De même, l’attitude individuelle des citoyens est importante. Les
comportements de civisme (politesse, respect des biens publics...) sont pour
beaucoup dans le caractère apaisé d’une société.
5-
Quelles sont les valeurs attachées à la
citoyenneté ?
Outre un statut juridique et des
rôles sociaux, la citoyenneté a des valeurs telles que :
La
civilité : il s’agit d’une attitude de
respect, à la fois à l’égard des autres citoyens (ex : politesse), mais aussi à
l’égard des bâtiments et lieux de l’espace public (ex : transports publics).
C’est
une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre eux, au nom du
respect de la dignité de la personne humaine, qui permet une plus grande
harmonie dans la société.
Le
civisme : il consiste, à titre individuel, à
respecter et à faire respecter les lois et les règles en vigueur, mais aussi à
avoir conscience de ses devoirs envers la société.
De
façon plus générale, le civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans
la vie quotidienne et publique. C’est agir pour que l’intérêt général l’emporte
sur les intérêts particuliers.
La
solidarité : elle est importante, en effet, dès
lors que les citoyens, dans une conception classique, ne sont pas de simples
individus juxtaposés, mais un ensemble d’hommes et de femmes attachés à un
projet commun.
Elle
correspond à une attitude d’ouverture aux autres qui illustre le principe
républicain de fraternité.
Dans
ces conditions, la solidarité, qui consiste à venir en aide aux plus démunis,
directement ou par le biais des politiques publiques (ex : impôt redistributif)
est très directement liée à la notion de citoyenneté.
Ces
trois valeurs donnent à la citoyenneté tout son sens en ne la limitant pas à
l’exercice du droit de vote.
De
même, l’attitude individuelle des citoyens est importante. Les
comportements de civisme (politesse, respect des biens publics...) sont pour
beaucoup dans le caractère apaisé d’une société.
6-
En quoi la citoyenneté est-elle la
manifestation d’une identité commune?
D’abord,
parce que les citoyens ont tous la même nationalité : Lien juridique donnant
à un individu la qualité de citoyen d’un Etat.
Ce lien juridique, qui
lie une personne à un pays, est commun à l’ensemble des citoyens, quelle que
soit la façon dont ils ont acquis la nationalité (droit du sang, droit du sol,
naturalisation par le mariage).
Il
est le signe que l’on fait partie d’un groupe particulier, non seulement sur le
plan strictement juridique, mais également de manière très pratique.
Ainsi,
à l’occasion de voyages à l’étranger, on peut être plus sensible à ce caractère
d’appartenance.
La
citoyenneté manifeste aussi le rattachement à une même communauté politique, la
nation. Elle permet de voter et d’être élu. Il
faut toutefois mettre à part le cas des ressortissants d’États membres de
l’Union européenne qui peuvent voter aux élections municipales et européennes,
bien que ne possédant pas la nationalité et donc la citoyenneté française par
ex.
Enfin,
la citoyenneté est la manifestation d’une identité culturelle et d’une histoire
commune.
Ainsi, au Maroc, les
citoyens partagent l’héritage de moments essentiels …. Chaque citoyen n’a pas à
assumer, à titre personnel, les fautes ou les crimes commis par l’État dont il
a la nationalité. La citoyenneté va de pair avec la construction de la mémoire
d’épisodes marquants d’une histoire nationale.
7-
La citoyenneté n’est-elle aujourd’hui
qu’une citoyenneté juridique ?
Nos
sociétés actuelles semblent atteintes d’une certaines apathie citoyenne. Il est
à noter une abstention de plus en plus massive lors des élections, ce qui
exprime clairement un retrait des citoyens de la vie publique.
Par
ailleurs, se pose également la question d’une attitude citoyenne dans la vie
quotidienne. La multiplication d’actes
d’incivilités, qui semblent en décalage avec une société où existe un respect
réciproque entre citoyens, met à rude épreuve l’idée de citoyenneté. Les
dégradations de biens publics, la recrudescence de petits incidents révélateurs
(tels qu’insultes ou manque de politesse) éloignent les individus d’une société
de citoyens, liés entre eux par un projet et partageant l’espace public.
La
citoyenneté semble aujourd’hui davantage se définir par un mode de comportement
civique et une participation active et quotidienne à la vie de la société que
par un statut juridique lié à la nationalité, Lien juridique donnant à un
individu la qualité de citoyen d’un Etat..
Dans
ce sens, l’Éducation nationale doit éduquer tous les élèves à la citoyenneté
…..
8-Pourquoi
la citoyenneté est-elle toujours en construction ?
Si
le statut juridique de la citoyenneté est relativement stable, en revanche la
signification à donner à la citoyenneté est en construction perpétuelle.
La
volonté pour tous les citoyens de vivre ensemble doit être sans cesse
renouvelée.
La
citoyenneté est aussi une construction permanente car elle est un élément
important d’intégration.
Intégration
d’abord pour des étrangers résidant sur le sol national depuis un certain
nombre d’années.
Par
l’acquisition de la nationalité, Lien juridique donnant à un individu la
qualité de citoyen d’un Etat et des droits politiques qui y sont attachés, ils
vont pouvoir s’intégrer davantage à la communauté nationale.
Intégration
aussi pour des personnes exclues par leur faible niveau de revenus, ou par des
problèmes médicaux ou familiaux. Une attitude citoyenne de solidarité à leur
égard peut être de nature à les aider .Ces processus d’intégration et les
réalités auxquelles ils se confrontent peuvent conduire aujourd’hui à une
redéfinition de la notion de citoyenneté et de sa portée.
Par
ailleurs, l’émergence de nouvelles citoyennetés, locale, européenne,
voire mondiale, nourrit cette réflexion remettent en cause la
définition de la citoyenneté liée à la nationalité.
V–LES ESPACES PUBLIQUES ET COLLECTIFS :
1/Introduction :
Le sujet des espaces publics est un des thèmes
fondamentaux de l’aménagement communal et le développement urbain qui touche de
près au principe du développement durable.
La responsabilité, attribuée par la loi à tous les
acteurs de l’aménagement pour atteindre un urbanisme cohérent et durable, en
phase avec les objectifs du Schéma
Directeur d’Aménagement du Territoire, doit être assumée par ceux-ci
avec une sensibilité particulière.
L’espace public, dénominateur commun de l’habitat, des
activités, du commerce, du trafic et de la détente, a besoin de concepteurs
engagés au service d’une identité forte commune à tous ces lieux.
Les quartiers et villages ne sont attrayants et
compétitifs que si l’espace public garantit aux usagers- citoyens une
fonctionnalité efficace et une esthétique raffinée.
L’activité économique dans les régions rurales et
urbaines a tout à gagner d’un espace public au contexte agréable à vivre et
accueillant pour ses visiteurs.
Des plus fines structures d’habitat villageois, rural et
urbain jusqu’à la dimension du paysage, cet espace est avant tout un espace de
vie. Il est une partie du contexte social auquel tout individu doit pouvoir
s’identifier et dans lequel se déroule toute interaction sociale.
Par son essence même sa conception devient un acte
fondamental qui transpose des éléments essentiels de politique sociale au
service d’une vie citoyenne de qualité.
2/Les formes de l’espace public : quatre situations
L’espace public est formé des espaces libres généralement
affectés à des usages publics et de ce qui est visible depuis ces espaces. Il
comprend le paysage urbain, les façades formant interface entre l’espace
public, l’espace privé…
L’espace public est indissociable du logement et des
espaces de travail en général, ce sont des espaces complémentaires. Selon
les différents types de tissu générés par l’urbanisme contemporain, des espaces
libres publics aux usages et aux échelles multiples se dégagent :
v La ville (quartiers):
Boulevards, rues, trottoirs, cours, parkings, parcs,
promenades, arrêts de bus, places de jeu, jardins, …
v Village :
Place du village, jardins, cimetières, impasses,
venelles, aires de jeux, placettes, rues, chemins fourragers…
v Périphérie :
Zones commerciales et industrielles, autoroutes, voies
ferrées désaffectées, lotissements, terrains en friche, grands parkings…
v Paysage :
Espaces naturels protégés, berges, forêts, cours d’eau,
parcours pédestre, baignade, aire de repos, champs, prairies, chemins…
2.1. La ville : les espaces de la vie
urbaine
·
La place en milieu historique :
Le tissu
urbain reflète la succession des événements sociaux survenus au gré du temps.
La rénovation se fait au travers de mesures patrimoniales, sociales,
économiques et environnementales définit les orientations du développement
privé et public du quartier historique en assurant la pérennité du patrimoine
architectural.
Places et bâtiments :
La forme des
places est tributaire de la masse construite des bâtiments qui l’entourent.
Une interaction intense passe par la membrane, la façade,
commune et au bâtiment et à la place. Ce rapport direct est tributaire de la
signification des bâtiments et de la fonction sociale de la place.
Les passages :
Le tissu
urbain est structuré par les grands axes, mais les piétons utilisent souvent
les failles les plus étroites pour passer à travers leur quartier irrigué de
capillaires innombrables.
La qualité de
ces cheminements et l’échelle des espaces, choix assez vaste entre itinéraires
divers, perspectives sans cesse renouvelées, succession de dilatations et de
resserrements spatiaux, font le bonheur des habitués du quartier.
Dans les
interstices, des fonctions supplémentaires comme des terrasses de restaurants
se déploient dès que les conditions globales du quartier sont favorables.
Les jardins publics :
Le jardin
d’agrément urbain appartenant à la collectivité locale est conçu pour le
délassement de la population voisine qui peut y pratiquer des sports ou des
jeux.
Il possède le plus souvent un mobilier particulier et
s’accompagne fréquemment d’un jardin d’enfants équipé de jeux.
Le milieu
naturel complète les espaces d’habitation par une conception qui répond aux
besoins spécifiques du quartier et un entretien adapté à la fragilité des
plantations.
Parterres et plates-bandes :
Le paysagiste
inscrit son projet et la diversité des éléments naturels dans le concept urbain
général défini pour les autorités compétentes.
Pelouses, arbres, parterres, haies et fleurs participent
à une mise en scène naturelle réfléchie, dictée par les fonctions à remplir
mais aussi par le cadre culturel de la société.
La composition
urbanistique :
Le parc renforce la composition urbaine
notamment par les monuments insérés en milieu naturel ou les perspectives
passant du milieu naturel au milieu minéral.
Les parcelles
privées, aménagées autour du parc, participent avec leurs bâtiments et les jardins
à l’espace vert partagé par tous les citoyens.
Accents verts :
L’insertion de quelques arbres dans l’espace public crée
des rapports spatiaux nouveaux en introduisant une échelle
qui évolue au gré
de l’âge des arbres.
Couloirs verts
et promenades :
Le cœur des
villes peut être raccordé à la nature par des corridors naturels qui se
développent par exemple autour des cours d’eau.
Ces couloirs
naturels ont une utilité écologique primordiale et sont utilisés par les
promeneurs à pied ou en bicyclette pour flâner en un milieu familier.
Ces espaces
participent à la vie sociale urbaine, par exemple par des interventions
artistiques disséminées à des points significatifs.
Marché :
La nature n’est pas seulement présente par
les jardins et parcs mais aussi par les marchés. Ils ont une signification
sociale et une fonction économique. Aujourd’hui quand disparaît l’omniprésence
de la voiture les piétons s’approprient la succession des espaces collectifs.
Les fêtes les plus diverses, les marchés, les manifestations publiques, les
braderies, les concerts y trouvent, à tour de rôle, leur espace privilégié.
·
Les espaces publics de l’habitat :
Squares et rues :
Les espaces
publics des quartiers de ville sont structurés en places, rues, passages etc.
pour répondre aux besoins de l’habitat urbain. Avant d’être des zones
fonctionnelles dédiées à la circulation, ces espaces tracent la scène sur
laquelle se déroule la vie du quartier, du voisinage.
La surenchère
de mobilier urbain peut nuire à la lisibilité des espaces collectifs qu’il faut
architecturer et auxquels il faut trouver l’échelle juste dans la composition
urbaine.
Dans cette perspective, les enseignements du passé
peuvent rendre d’inestimables services, à condition, qu’ils soient interprétés
avec intelligence.
Les accès
L’interaction
entre espace public et habitat définit la typologie et la dimension des places,
rues et passages qui mènent aux diverses portes d’entrée, symbole du sentiment
d’être chez soi. L’espace public est à l’échelle des habitations auxquelles il
donne accès et doit par sa forme réagir à la typologie de l’habitat.
Le stationnement
La voiture
occupe des surfaces précieuses à l’arrêt et en mouvement au détriment des
autres acteurs comme le piéton, les enfants ou le cycliste. Les anciennes
structures subissent souvent sa loi alors que pour les nouveaux quartiers une
intégration fonctionnelle et discrète est impérative.
La cour sur
rue et le carport ne servent pas uniquement au stationnement mais offrent des
usages plus variés tel que le bricolage, l’espace de jeu…
·
Les espaces naturels de l’habitat
Les plaines de jeux :
La situation
et l’équipement de ces zones correspondent à des critères particuliers selon le
type des usagers et leur tranche d’âge.
Elles
focalisent une vie publique particulièrement sensible et doivent être traitées
avec un soin adapté soit dans des espaces verts d’envergure soit dans des zones
à l’échelle réduite en relation directe avec l’habitat.
Cependant le
quartier entier est un espace de découverte et d’apprentissage inépuisable pour
les enfants et les jeunes.
Les jardins :
La fonction du
jardin privé diffère en fonction de sa situation par rapport aux espaces
intérieurs de la maison. C’est une zone tampon essentielle entre espace public
et privé ou prolongation dans la nature de l’espace habité intérieur. Configurés au goût de leur propriétaire les
jardins privés, même dans des interstices réduits, participent à la vie
sociale.
Les espaces collectifs
L’habitat
collectif est caractérisé, plus que tout autre, par l’entrelacement des zones
privées et communautaires. Si les usagers ont droit à la protection de la vie
privée à l’intérieur de l’immeuble, il en est de même pour les espaces
extérieurs en contact direct avec leur appartement. Les espaces extérieurs
communautaires ont un potentiel unique. Ces espaces sont à exploiter selon des
règles auxquelles l’ensemble de la communauté doit adhérer par un entretien
régulier ou par des fêtes d’immeuble. Ces espaces collectifs doivent être
complémentaires aux espaces publics.
La place
La place est
une exception dans le tissu, parler des places, c’est parler de l’exceptionnel.
Relation de la place au tissu urbain qui l’entoure : Ce n’est pas seulement par
ses dimensions ou sa configuration en plan que la place prend son sens, mais
dans ses rapports avec les espaces publics voisins et avec le bâti qui
l’enclot.
La place est un lieu socialement identifié : Les
habitants savent intuitivement quelles sont les places vides, les places avec
commerces, les places calmes, les places agréables en été, et trop éventées en
hiver, …
2.2.
Village : réinventer
l’espace public :
Un lieu de caractère
Ø
Le rapport privilégié entre l’espace privé et l’espace
public.
Ø
La continuité et l’ouverture de l’espace.
Ø
Le traitement de qualité du sol.
Ø
La mise en scène théâtrale de la place.
Ces éléments
permettent la multiplicité des usages et une projection des habitants dans leur
espace public.
La place est avant tout un lieu de rencontre, elle
contribue à la vie publique du village. Des places un peu tristes en automne
quand il pleut, des places où l’on aime se promener le soir quand il fait beau…
Une place
prend naturellement valeur de centre d’animation, de pôle commercial ou
culturel lorsque sa configuration spatiale est en relation avec sa
dénomination. Elle accueille les activités traditionnelles de la vie du village
telles que le marché….
La placette
La placette
est obtenue par le recul de l’alignement ou par la suppression de quelques
parcelles bâties. Cette configuration favorise l’extension de commerces,
l’arrêt de marchands ambulants ou l’attente devant un équipement public.
Kiosques, statues, fontaines, arbres, bancs, arrêts de bus viennent compléter
l’aménagement.
Le parc
L’enchaînement
des espaces ouverts dans le village crée des promenades publiques riches de
sens. Un parc, une placette ou une simple prairie permettent à un village de
développer de nouvelles activités (Cinéma plein air, concert, jeux,
compétitions, parcours artistique…) et par là même de se réinventer.
L’espace public
est un lieu de tolérance vis-à-vis des différents modes de vie qu’il autorise,
il doit donc être malléable quant aux transformations qu’il peut subir.
Les aires de jeux et d’agrément
Les jardins de
proximité ou « jardins de poche » peuvent être aménagés sur de petits espaces
interstitiels pour un usage de voisinage ou associatif.
Les commerces et terrasses de cafés animent l’espace
public. Le débordement des
activités (cafés, épicerie…) dans la sphère publique, crée de véritables lieux
de vie.
Le parvis
Place
directement liée à un bâtiment public. Il existe traditionnellement une
relation forte entre l’édifice et la place, comme si l’institution
s’appropriait symboliquement une partie de l’espace public.
La rue
A l’heure où une
majorité de piétons se sont mutés en automobilistes, les rues se sont
transformées en artères de circulation et l’on observe un conflit grandissant
entre piéton et automobiliste. La rue reste pourtant un haut lieu des pratiques
sociales collectives, où civilité et citoyenneté sont de mise. De nombreux
exemples de réappropriation montrent un arrêt temporaire du trafic au profit
d’une fête ou d’un marché. Les enfants ne jouent pas uniquement sur les aires
de jeux, le village tout entier est leur espace de découverte et
d’apprentissage.
Un caractère
différencié des rues :
La hiérarchie
des rues donne le caractère et l’identité au quartier et au village. Voie
principale entre agglomérations ou entre quartiers; rue à l’intérieur d’un quartier;
voie de desserte des bâtiments ou de groupes de bâtiments; chemin reliant le
village au paysage et aux champs.
Ruelles et passages
Plus étroites
que les rues, un certain nombre de voies jouent un rôle de desserte locale,
elles ont comme fonction de permettre l’accès aux riverains ou d'être desserte
secondaire. Elles constituent souvent un réseau « discret » ou la circulation
automobile est limitée voire absente.
Sentes,
venelles, ruelles, traverses, traboules, allées, passages, sentiers, raccourcis
autant de mots qui expriment la diversité des modes de traversée du tissu
urbain. Le développement de ces réseaux parallèles accentue la profondeur et la
richesse du territoire.
L’espace du piéton
L’augmentation
du trafic et la marginalisation du piéton, la signalisation, la publicité ont
considérablement rogné l’espace du piéton et de fait le paysage s’est
profondément altéré.
Le
stationnement illicite des véhicules sur les trottoirs reste un problème
important contre lequel les mesures coercitives (barrières métalliques, chaînes,
plots en béton, etc.) n’ont finalement pour résultat que d’encombrer et
d’enlaidir un peu plus l’espace du piéton.
Deux options : Le trottoir promenade ou la rue qui permet une
coexistence entre les véhicules et les piétons.
Les espaces de transition : L’espace de transition est un dispositif spatial
qui permet la connexion physique entre le domaine privé (le logement, lieu de
travail…) et le domaine public (la rue, la place…).
Il a pour
fonction d’articuler les relations intérieur/extérieur, privé/public par des
limites, des seuils, des filtres, des passages, des espaces plus ou moins
ouverts dans des dimensions variables. L’espace doit offrir des potentialités
aux pratiques sociales.
2.3. Périphérie: une juxtaposition complexe
d’espaces :
En périphérie,
le tissu urbain, fruit de la juxtaposition des étapes successives de croissance
urbaine, manque d’unité.
Voies à grande
vitesse, ensembles de logements, terrains vagues, terres agricoles, zones
commerciales ou industrielles sont éparpillées de manière incohérente sur le
territoire.
Au milieu de ce
dédale de fonctions, des espaces libres de toute taille et de toute nature se
dégagent. Il s'impose de créer de nouveaux espaces publics adaptés à l’échelle
et à la complexité du territoire.
L’espace public
est un espace de liberté, en permanence créé, en permanence bricolé. Le
territoire s’adapte à ses habitants pour coller au mieux à ce qu’ils peuvent en
attendre.
En raison des
tractations foncières longues et complexes qui minent de vastes parts de
territoire, des terrains sont laissés à l’abandon pendant des années.
Ces zones en attente sont de véritables réservoirs
d’espaces publics temporaires.
Les entrées de villes sont jalonnées de grandes surfaces
commerciales, de stations-services, de restaurations rapides… Ces espaces
devraient être traités avec une grande rigueur quant à la signalisation,
l’éclairage, les accès aux différents commerces, la dimension de la voirie et
l’aménagement de l’espace.
2.4.
Paysage :
Le paysage joue plusieurs rôles au-delà de sa fonction
économique, le paysage est l’étendue de territoire qui se présente à un
observateur.
L’idée de paysage renvoie à la représentation par l’homme
de ce qui l’entoure.
Cette représentation est objective (le paysage est une
succession, un défilement des images que perçoit le passant) mais aussi
subjective, influencée par l’imaginaire collectif.
Le paysage est un socle commun et partagé, c’est un
héritage.
Le paysage : un espace public pratiqué : promenade,
bicyclettes, baignade, pêche, pique-nique, …
L’accessibilité et l’aménagement des zones naturelles
permettent au public un usage récréatif varié des plus belles tranches du
territoire.
CONCLUSION : Comment réaliser l’espace public ?
Quelques propositions pour impulser la réflexion sur les droits de citoyenneté
L’aménagement d’un espace public doit être conçu comme un tout, il porte
sur l’ensemble de ce qui le constitue : environnement, mobilier urbain, mise en
lumière, cadre architectural, édicules, végétation, traitement du sol…
L’équipement des espaces publics est conçu pour répondre aux besoins et
aux attentes de l’utilisateur-citoyen.
v Valoriser
l’environnement :
Ø
Tenir compte de la nature de l’espace, végétal ou
minéral, contemporain, ancien ou historique.
Ø
Prendre en compte la notion d’échelle au niveau du lieu
d’implantation et au niveau des objets entre eux.
Ø
Dialoguer avec les autres composants de l’espace.
Ø
Adapter le mobilier à l’évolution de la ville, du
quartier, du village.
Ø L’esprit d’un lieu
est à chercher bien davantage dans les matériaux ou la lumière d’une région ou
d’une ville que dans un dessin décoratif ou un concept éphémère.
v Le choix du mobilier urbain :
Ø
Répondre aux besoins des usagers - citoyens.
Ø
Limiter l’encombrement.
Ø
Choisir judicieusement le mode d’implantation, intégrer
les mobiliers à des structures existantes comme l’architecture, les ouvrages
d’art, les murets, clôtures et murs de soutènement.
Ø Créer
des alignements, utiliser la forme du lieu, associer plusieurs fonctions dans
un même objet.
v
La construction d’un confort visuel pour
tous :
Ø
Prévoir une composition globale : marquer les
perspectives, les carrefours. Le mobilier lumière sert aussi de repères le jour
et contribue ainsi à l’orientation et à la lisibilité de l’espace.
Ø
La création d’une ambiance sécurisante : assurer
qu’automobilistes et piétons puissent bien se voir, que les individus puissent
s’identifier, que la qualité du sol et les obstacles soient bien visibles…
Ø Supprimer les gênes :
zones d’ombre, éblouissement, reflets, prévoir les phénomènes d’ombre portée…
v La signalisation et l’information :
Ø
Transmettre efficacement des messages : informer et
renseigner.
Ø
Permettre de s’orienter et de se repérer : la
signalisation constitue une chaîne d’informations.
Ø
Penser la signalétique à l’échelle du piéton et du
cycliste.
Ø Etre vigilant lors
des aménagements urbains à l’implantation de la signalisation, à sa lisibilité
et sa visibilité.
v
Les eaux de surface, le nivellement, le
revêtement de sol :
Ø
L’eau est un élément de composition, de plaisir et de
jeu.
Ø
Les traitements destinés à éliminer l’eau de
ruissellement façonnent l’environnement urbain.
Ø
Le nivellement du sol assure l’écoulement des eaux
pluviales ou de nettoyage.
Ø
Pentes et contre pentes donnent l’intelligence du sol et
peuvent constituer à elles seules l’expression du projet d’espace public.
Ø Le revêtement de sol
définit le plus souvent le statut de l’espace public.
v L’accessibilité :
Ø
Garantir à tous une meilleure accessibilité des espaces
publics et en particulier aux « personnes à mobilité réduite ».
Ø
Prendre soin à la continuité des cheminements :
cheminement praticable et prévention des obstacles.
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= Vareilles, S. 2006. Les dispositifs
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=ZEPF Marcus (sous la dir. de), (2004), « Concerter, gouverner et concevoir les espaces publics urbains », Ed. Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne .
2-- Citoyenneté :
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=BOUAMAMA Saïd, CORDEIRO Albano, ROUX Michel, (1992), « La citoyenneté dans tous ses états : de l’immigration à la nouvelle citoyenneté », Ed. L’Harmattan, Paris
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=SCHNAPPER Dominique,
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3-- Sociologie, espace public et citoyenneté :
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=MOSER Gabriel, « Du citadin au citoyen : de la cohabitation à la « convivance » », article in ROUQUETTE
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=STÉBÉ J.‐M., MARCHAL H., « La sociologie urbaine », coll. Que sais‐je ?, Ed. puf, Paris, 2010 66
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4- Espace géographique :
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= CLAVAL
P., 1978, Espace et pouvoir, PUF, Paris.
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= DI MEO G.,
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= DI MEO G.,
1998, De l’espace aux territoires, in l’information
= DULLFUS
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= FERRIER
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= LEFEVRE
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= PUMAIN
D. et SAINT-JULIEN T., 1997, l’analyse
spatiale 1. Localisation dans l’espace, Paris, A. Colin, cursus géographie.
TABLE
DES MATIERES
INTRODUCTION
1-
Choix
du thème
2-
Démarche
I-
UN
PEU D’HISTOIRE
1- L’espace public
2- La citoyenneté
3- La citoyenneté dans
l’espace public
4- Habermas et l’espace
public
a-La sphere public
b-Le nouvel espace public
c-Limites de l’espace
public d’Habermas
d-Théoris de l’Agir
communicationnel
II-
L’ESPACE EN SCIENCES
SOCIALES
1-
L’évolution du concept d’espace en
sciences socials
2- Espace et
interationnisme
3- Une psychologie de
l’espace
4- Espace et
anthropologie
5- L’approche
actuelle du concept d’espace en sciences socials
6- Trois
consequences épistémologiques de la nouvelle approche de l’espace
III- ESPACE ET TERRITOIRE
1- Les entrées du
territoire
2- Quels
outils pour appréhender le territoire ?
IV- LA CITOYENNETE
1- Comment définer la
citoyenneté
2- Quels
rôles un citoyen peut-il jouer dans la société?
3- Quel
est le statut juridique d’un citoyen?
4- Quelles sont les valeurs attachées à la
citoyenneté?
5- En
quoi la citoyenneté est-elle la manifestation d’une identité commune
6- La
citoyenneté n’est-elle aujourd’hui qu’une citoyenneté juridique?
7- Pourquoi la citoyenneté est-elle toujours en
construction?
V-
LES
ESPACES PUBLIQUES ET COLLECTIFS
1- Introduction
2- Les
formes de l’espace public: quatre situations
·
La ville: des espaces de la vie urbaine
·
Le
village: réinventer l’espace public
·
Périphérie:
une juxtaposition complexe d’espaces
·
Paysages
CONCLUSION